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— Oui, — dis-je, ainsi que Basquine, — je sais l’endroit, j’ai remarqué la croix.

Bamboche, faisant alors signe à notre compagne d’aller se mettre au guet au bout du sentier, sauta d’un bond dans le petit réduit par la fenêtre ouverte.

Je le suivis, et pendant qu’il courait au grabat pour prendre l’argent, je m’élançai à la porte de l’écurie… j’allais tirer cette porte à moi, lorsqu’un homme, venant de la cour, et que je n’avais pu apercevoir, parut soudain, et, quoique un peu surpris, me dit doucement :

— Que fais-tu là, mon enfant ?

Au lieu de répondre, je poussai un cri d’alarme convenu avec Bamboche, et je me jetai aux jambes du nouveau-venu, les saisissant si violemment entre mes deux bras, qu’à cette attaque imprévue il perdit l’équilibre, tomba… et pendant quelques secondes il fit de vains efforts pour se relever, tant je me cramponnais à ses jambes avec acharnement.

Je ne pouvais avoir long-temps l’avantage dans cette lutte inégale ; aussi cet homme, me saisissant bientôt d’une main vigoureuse, me fit sortir de l’écurie, et m’amena dans la cour, sans doute pour mieux m’examiner, ne soupçonnant pas alors qu’il venait d’être volé, et que j’étais complice de ce vol.

Je suivis cet homme sans la moindre résistance ; je pensais avec joie que Bamboche et Basquine avaient le temps de fuir.

— Ah ça ! — me dit Claude Gérard.

C’était lui, et son accent annonçait plus d’étonnement que de colère.