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et moi… Soudain Bamboche s’arrête, regarde attentivement par la fenêtre basse de la pauvre maison, fait un mouvement de surprise, et, se retournant vivement vers nous :

— De l’argent !… — s’écrie-t-il tout bas, — plus de cent francs peut-être !…

Et, d’un geste, nous recommandant le silence, il nous fit signe de nous approcher.

Nous vîmes alors par la fenêtre une sorte de réduit séparé d’une écurie par des claies de parc à moutons, laissant entre elles un passage étroit. Bamboche, du bout du doigt, nous montra dans un coin de ce réduit un grabat sur lequel étincelaient, frappées par un rayon du soleil couchant, un amas de pièces de cinq francs.

La maison était silencieuse ; à travers l’étable on voyait au loin la porte ouverte, qui donnait sur une cour remplie de fumier.

Après un moment de réflexion. Bamboche nous dit :

— Basquine, va faire le guet dans le sentier ; moi et Martin, nous entrerons dans la maison par cette fenêtre ; Martin ira fermer en dedans la porte de l’écurie, afin d’empêcher que je ne sois surpris pendant que je ramasserai les pièces de cent sous… ce qui demandera un bout de temps.

— Ça va, — lui dis-je, — ramasse l’argent… je vais fermer la porte.

— Et, en cas de poursuite, — reprit Bamboche, — ne pensons qu’à filer chacun de son côté ; nous nous rallierons au bout de trois ou quatre heures à la montée de la grande route d’où nous avons aperçu le village, vous savez, à l’endroit où il y a une grande croix de pierre.