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— Je l’ai attaché dans la cave, le scélérat, donnez-donc une éducation ! apprenez-donc un état à ces filous-là, pour qu’ils se sauvent quand ils sont en état de travailler, — s’écria la mère Major. — Mais je vais…

La Levrasse l’arrêta.

— Halte-là, la mère ! Il finit par s’habituer à tes douceurs ; tu fais plus de bruit que de mal, la mère… Moi, je ne fais pas plus de bruit qu’une taupe dans son trou… on n’entend rien… et mes bons petit conseils entrent bien plus avant dans la peau que tes gros tremblements de fureur… Il est dans la cave, ce petit Bamboche ?

— Oui, et solidement attaché… quoiqu’il ait voulu me dévorer les mains.

— Allons lui faire ma petite visite, — dit la Levrasse de sa voix doucereuse, et il se dirigea vers la porte d’un pas souple, discret, comme celui d’un chat sauvage qui va s’embusquer pour guetter sa proie.

Jamais, depuis mon arrivée dans la maison, la Levrasse n’avait infligé lui-même une correction à Bamboche, aussi les menaces et le départ de notre bourgeois me glacèrent d’effroi pour mon compagnon.

Bientôt la mère Major mit mon épouvante à son comble, en arrêtant la Levrasse par le bras et lui disant à mi-voix :

— Ne va pas trop loin, non plus…

— Sois donc tranquille, nous n’avons besoin de lui que dans quinze jours, — répondit la Levrasse, — ne te tourne pas le sang… tu n’entendras rien… je ne fais