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CHAPITRE XIX.


les petits riches.


La figure pâle et creuse de Bamboche, coiffée d’un mauvais bonnet grec qui laissait échapper ses longs cheveux noirs, hérissés, sa blouse en lambeaux, sa taille robuste et élevée pour son âge, ce qu’il y avait de rude dans sa physionomie déterminée, devaient rendre notre apparition assez effrayante, car j’étais vêtu aussi misérablement que mon compagnon, et les vêtements de Basquine n’étaient pas moins délabrés que les nôtres.

À notre apparition, Robert et Régina se rapprochèrent instinctivement de la gouvernante, et Scipion, le moins intimidé de tous, quoique le plus petit, s’écria :

— Tiens… ces petits pauvres… Qu’est-ce qu’ils veulent donc ? Sont-ils laids et sales !…

Bamboche ôta son bonnet, s’approcha de la gouvernante, et lui dit d’une voix douce, émue, qui contrastait avec sa figure énergique :

— Ma chère dame… voulez-vous faire une bonne action qui vous portera bonheur… et à ces petits Messieurs… et à cette petite demoiselle aussi ?