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teint d’une brune ; Régina, au contraire, avait les cheveux noirs comme de l’encre et la peau éblouissante ; trois grains de beauté, trois signes noirs veloutés, très-apparents, trop apparents peut-être… l’un au coin de l’œil gauche en remontant vers la tempe, l’autre un peu au-dessus de la lèvre supérieure, et le dernier, plus bas sur le menton, faisaient ressortir davantage encore le transparent éclat de son teint et le pourpre de ses lèvres.

Malgré ces trois petites mouches d’ébène qui lui donnaient tant de piquant, la physionomie de Régina me parut un peu sérieuse pour son âge ; ses grands yeux noirs étaient à la fois pénétrants et pensifs, tandis que sa petite bouche aux lèvres minces et son menton légèrement saillant donnaient à ses traits un caractère prononcé de réflexion et de fermeté ; ses longs cheveux noirs bouclés se jouaient autour de son cou élégant et délié comme celui d’un oiseau. Elle portait une robe de mousseline blanche et un pantalon garni de dentelle ; ses petits pieds étaient chaussés de bas à jour et de souliers à cothurne en peau mordorée. Elle avait pour ceinture un large ruban cerise, pareil à celui de son grand chapeau de paille rond.

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Tous ces souvenirs ne me sont que trop présents… Hélas ! qui m’eût dit qu’un jour !… mais, non, chaque chose a son heure…

Oubliant la faim, Basquine, Bamboche et les difficultés de notre situation présente, je ne pouvais détacher mes yeux de Régina ; deux ou trois fois, je sentis mes joues et mon front rougir, devenir brûlants, tandis que mon cœur tour à tour se serrait ou battait violemment ;