Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et nous restâmes muets, immobiles, tapis au milieu de l’épais taillis où nous nous étions arrêtés pour nous reposer, après avoir erré quelques heures dans d’inextricables fourrés, dont les ronces avaient mis presque en lambeaux nos vêtements déjà bien usés.

Le bruit que j’avais remarqué, se rapprocha de plus en plus, car nous nous trouvions sans le savoir près de l’un des carrefours de la forêt.

Une trouée à travers le feuillage, déjà éclairci en quelques endroits par les premières froidures de l’automne, nous permit de distinguer une voiture qui bientôt s’arrêta auprès d’un poteau indicateur des routes, poteau dont la base était entourée d’une table de pierre circulaire.

Cet équipage, le plus beau que j’eusse jamais vu, était une calèche menée par quatre superbes chevaux montés par deux petits postillons en vestes couleur marron, avec un collet bleu de ciel ; deux domestiques en grande livrée, aussi marron et bleu, splendidement galonnée d’argent, étaient sur le siège de derrière.

Trois enfants et une femme, jeune encore, placée sur le devant, occupaient cette voiture.

Les chevaux arrêtés, l’un des domestiques descendit du siège de derrière, et, le chapeau à la main, s’approcha de la portière.

Avant qu’il eût parlé, un petit garçon de cinq ou six ans, d’une charmante figure, encadrée de longs cheveux blonds tout bouclés, s’écria impérieusement :

— Descendons là… je veux descendre là…

— Mademoiselle, — dit le valet de pied, en s’adressant à la jeune femme, la gouvernante, ainsi que nous