Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Plus que jamais… car je me sens meilleur que je n’étais… et c’est encore… en me souvenant de mon pauvre père… que ce qui m’arrive… m’est arrivé…

— Qu’est-ce qui l’arrivé ? — demanda Basquine.

— Une fois mon parti pris sur le sac de plomb qui remplacerait le sac d’or, — répondit Bamboche, — nous avons commencé à courir les bois…

— Et ça t’a rappelé… ton père… et le temps où, tout petit, tu bûcheronnais avec lui, — dis-je à Bamboche, — tu me l’as avoué…

— C’est vrai… et depuis ces deux jours que nous sommes ici… seuls, tranquilles dans ce bel endroit… travaillant à la terre, ramassant du bois, cueillant des fruits, vivant en paysans, je ne me reconnais plus….. Pourquoi suis-je changé ?… je n’en sais rien… mais ça est… Je n’ai pas dormi de la nuit… je me suis bien tâté, bien interrogé, et je m’ai toujours répondu à moi-même : depuis la mort de mon pauvre père, j’ai mené une vie de gueux pour moi et pour les autres… il faut que ça finisse… j’en ai assez… je n’en veux plus…

Et comme nous le regardions, de plus en plus surpris :

— Ça vous étonne ?… moi aussi. Je vous dis que je n’y comprends rien ;… mais ce qu’il y a de sûr, c’est que depuis que je n’ai plus sur le dos la Levrasse, la mère Major, le paillasse et toute la s… séquelle, je respire à mon aise, quoique j’aie, par ci, par là, le cœur bien gros… parce que… parce que…

Et, regardant Basquine avec une expression indéfinissable, il n’acheva pas.

Puis il reprit, en étouffant un soupir :