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— Qu’avez-vous ? — reprit Basquine agenouillée devant nous en pressant ma main et celle de Bamboche, — vous pleurez ?

— Oui… nous pleurons… comme tu pleurais tout-à-l’heure, — répondit Bamboche, — et ces larmes-là font du bien…

Puis nous étreignant tous deux sur sa large poitrine, il s’écria avec un accent que je n’oublierai jamais :

— Nous ne sommes pas méchants… pourtant !!

Non… oh ! non, jamais je n’oublierai avec quelle expression Bamboche prononça ces mots, empreints à la fois de repentir du mal qu’il avait fait, de douloureuse récrimination contre la fatalité de sa destinée qui l’avait poussé au mal, et d’une tendance sincère à rentrer dans la voie du bien.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nous nous étions fait deux lits de bruyère et de mousse, l’un pour moi dans la première pièce de la masure, l’autre pour Basquine et pour Bamboche, dans la seconde pièce…

Cette nuit-là, Bamboche partagea ma couche après avoir baisé Basquine au front, en lui disant :

— Bonsoir, ma sœur…

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Bamboche dormit peu, je le sentis s’agiter pendant toute la nuit ; plusieurs fois il soupirait profondément ; à la première lueur du crépuscule il m’éveilla. Sa physionomie était pensive, douce et grave.

Nous entrâmes dans la pièce où dormait encore Basquine ; elle avait le sommeil léger comme celui d’un oi-