nous donc quelque chose… puisque l’oiseau ne chante plus.
— Je veux bien, — dit Basquine, — mais quoi ?
— Ce que tu voudras.
La pauvre enfant n’avait que le choix entre plusieurs chansons graveleuses ou obscènes : elle n’en savait pas d’autres.
Elle commença donc de sa voix enfantine, d’une pureté angélique :
Bonjour, mon ami Vincent,
Tu reviens de ton village,
Veux-tu me faire présent
De . . . . .
— Non… pas de paroles… — s’écria brusquement Bamboche en l’interrompant, — un air… seulement… l’air que tu voudras… mais sans paroles.
— J’aime mieux cela aussi… — dit Basquine, — je ne sais pas pourquoi je m’aperçois ce soir que les paroles…… me gênent…
Ainsi que Bamboche, j’avais été, pour la première fois, douloureusement révolté en entendant cette voix d’ange, dont l’accent mélancolique et doux ne m’avait jamais semblé plus enchanteur, dire ces premières paroles d’une chanson ignoble… Basquine avait éprouvé le même sentiment de dégoût et de honte, puisqu’elle avait dit, la pauvre créature, que, ce soir-là, sans savoir pourquoi, les paroles la gênaient.
Par quel phénomène éprouvions-nous, tous trois, cette délicatesse subite, Basquine, habituée à chanter effrontément des obscénités, nous, à les entendre ?