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— Restons-y tant que nous nous y plairons, — ajoutai-je.

— Accordé, — dit Bamboche, — mais avant il faut nous assurer qu’il n’y a personne pour nous chasser d’ici…

— Hélas ! c’est vrai… on pourrait nous chasser, — reprit tristement Basquine, — quel dommage !…

— Ne nous chagrinons pas d’avance, — lui dis-je, — fouillons d’abord l’île dans tous les sens… ça ne sera pas long.

Cela ne fut pas long, en effet.

Au bout d’une heure, nous nous étions assurés qu’il n’y avait que nous dans ce que nous appelâmes dès lors possessivement notre île.

Le soir, un peu avant le coucher du soleil, Basquine, agenouillée auprès du petit bassin d’eau limpide et froide, situé au bas d’une roche, lavait de superbes pommes de terre jaunes, tandis que Bamboche, assis à ses côtés, écallait des châtaignes ; quant à moi, penché devant le foyer de la masure, j’avivais un feu de bois sec dont la cendre brûlante devait cuire les pommes de terre et les châtaignes qui devaient compléter notre souper, déjà composé de superbes grappes de raisins et d’une douzaine de poires d’un gris doré magnifique.

Telle fut la première journée que nous passâmes dans notre île.