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mençait à se dissiper au grand air de la solitude et de la liberté.

— C’est drôle… — me dit-il en s’arrêtant, et en laissant Basquine se jouer à quelques pas devant nous, — la vue de cette forêt… ce beau soleil… ce grand silence me rappellent mes bons jours d’autrefois… quand, tout petit… je bûcheronnais au fond des bois avec mon pauvre père.

En me parlant ainsi, Bamboche était visiblement attendri, mais, apercevant une superbe demoiselle posée sur le faite d’un roseau, il s’écria :

— À moi celle-ci…

Et il se précipita à sa poursuite.

Quant à Basquine, parfois l’expression de son charmant visage, aussi presque transfiguré, me rappela sa physionomie candide, alors qu’ayant encore l’innocence, la pureté d’un ange, elle me racontait, dans sa maladie, sa foi naïve à la bonne Vierge, cette sainte mère du bon Dieu.

En courant ainsi, nous remontâmes le courant de la petite rivière jusqu’à un endroit où elle se bifurquait pour ceindre une île qui ne paraissait pas avoir plus d’un arpent de tour : elle était fort escarpée, fort abrupte, et des arbres immenses sortaient du milieu des massifs de roches grises dont la rivière baignait le pied.

À l’aspect de ce lieu d’un pittoresque si sauvage, nous nous arrêtâmes, saisis d’admiration et d’impatiente curiosité.

— Ah ! la belle petite île, — s’écria Basquine en joignant les mains, — comme ça doit être joli là-dedans !

— Il faut y aller, — dit résolument Bamboche.