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de Basquine, ce n’étaient que plumes, satin, velours et pierreries. Nous devions aussi rouler voiture, bien entendu.

Le jour nous surprit au milieu de ces beaux rêves ; c’était au jour que Bamboche nous avait promis de nous prouver notre richesse colossale.

Nous étions assis au pied d’un grand arbre, en pleine forêt ; à quelques pas de nous gisait le corps inanimé de Lucifer ; Bamboche s’en approcha et détacha du bât où elles étaient solidement attachées, deux pesantes sacoches que, dans la précipitation et la frayeur de notre fuite, je n’avais pas remarquées.

Bamboche nous apporta ces deux poches de cuir d’un air solennel ; nous attendions la vue de ce qu’elles contenaient avec une ardente impatience.

Bamboche déboucla l’espèce de chaperon qui couvrait la première sacoche et en tira, à notre surprise un peu désappointée, une paire de pistolets vulgairement dits coups-de-poing, et une poire à poudre.

— C’est là tout ! — s’écria Basquine ébahie — c’est là notre richesse !

— C’était là de quoi la défendre cette nuit et nous-mêmes, si ce brigand de la Levrasse avait échappé de sa rôtissoire pour courir après nous.

— Ah ! bon, — reprit Basquine. — Maintenant, nos richesses… voyons… vite.

— Les voilà, — dit triomphalement Bamboche en tirant de la sacoche un sac de peau du volume d’un ridicule de femme, et fermé par une monture d’argent noirâtre de vétusté.