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bien de le contredire ; d’ailleurs, au point du jour, il devait nous montrer notre trésor.

Cette richesse inattendue nous surprenait, nous charmait, mais nous étions surtout sensibles, moi et Basquine, au bonheur d’être maîtres absolus de nos volontés, et de disposer de ces jours que nous allions passer ensemble le plus gaîment du monde.

Bamboche, positif et précis dans ses vœux, ne tarissait pas sur les belles robes que Basquine allait avoir, sur les festoiements sans fin auxquels nous allions nous livrer. Il me parlait aussi beaucoup d’une superbe montre d’or qu’il voulait m’acheter. J’avais beau décliner ce don, il y tenait opiniâtrement. Ce rare bijou devait être accompagné d’une chaîne, ornée de breloques en graines d’Amérique ; sur la boîte de la montre seraient gravés ces mots : donné par Bamboche et par Basquine à leur frère Martin. Je ne pus résister à ce dernier trait, j’acceptai la montre ; il ne s’agissait plus que de l’acheter.

Bamboche se complaisait aussi dans la description de son costume et conséquemment du mien, car nous devions toujours être habillés pareillement, comme deux frères : mon ami se proposait de nous vêtir d’habits bleu barbeau, de gilets écarlate, de pantalons chamois collants et de bottes à cœur et à glands ; la question de savoir si les glands seraient noirs ou en or, fut long-temps débattue. Basquine décida, avec un bon goût précoce, que les glands seraient simplement noirs. Ce costume devait alterner avec une fière polonaise verte à brandebourgs noirs et à collet bourré, accoutrement tant soit peu militaire, dont le caractère héroïque serait complété par un pantalon gris à large bande écarlate. Quant aux toilettes