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Bamboche, d’un coup de couteau, trancha la longe qui retenait Lucifer… L’animal, épouvanté, bondit, partit comme un trait, et, au même instant Bamboche, sautant en croupe derrière moi, s’écria :

— Laisse aller Lucifer, il tourne le dos au feu… Il est en bonne route.

Notre poids n’était rien pour ce grand âne d’une vigueur extraordinaire ; mais nous eussions pesé trois fois plus, qu’il fût parti avec la même vélocité, grâce à la terreur que lui causait l’incendie…

Serrant étroitement entre ses genoux la croupe de Lucifer qu’il talonnait vigoureusement, Bamboche se retourna pour jeter un dernier cri de haine, de vengeance et de malédiction sur la voiture en flammes déjà bien loin de nous, et, tendant le poing dans cette direction, il s’écria :

— J’ai attendu long-temps, brigands… mais j’ai mon tour…

Et nous allions toujours devant nous, à travers la nuit obscure, seulement éclairée çà et là par le feu des cailloux étincelants sous le galop furieux de notre monture,… allure effrénée que Bamboche précipitait encore en labourant du bout de son couteau les flancs de Lucifer.