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sant, j’en conviens, mais faut pas que ça dure trop longtemps. Allons, voyons, ouvrez, voilà votre vin sucré.

— N’ouvrons pas, — me dit Basquine, de plus en plus effrayée, car la malheureuse enfant comprenait ce que, dans mon ingénuité, moi, je ne comprenais pas.

— Ils enfonceront la porte :… s’ils veulent… ils me tueront, mais heureusement Bamboche s’est sauvé, — s’écria-t-elle avec exaltation.

— Martin !… Basquine !… ouvrirez-vous à la fin ? — cria la Levrasse en ébranlant la porte.

Soudain plusieurs coups sourds retentirent en dehors et du côté de la portière de la voiture.

J’entendis alors, dans la cabine, la mère Major dire à la Levrasse :

— Tiens… on cogne à la portière.

— C’est ce gueux de Bamboche qui frappe pour rentrer, — dit la voix du paillasse, — ne lui ouvrons pas…

— Bamboche est là… nous sommes sauvés, — s’écria Basquine radieuse en me pressant les deux mains.

— Ah çà, ouvrirez-vous à la fin, — cria la Levrasse, furieux, — voulez-vous que nous fassions sauter la porte ?

— Bamboche est là,… gagnons du temps,… dis-je tout bas à Basquine, un peu rassuré.

Basquine, de la main, me fit signe de garder le silence, et répondit en tâchant de dissimuler son émotion :

— Qui frappe ?

— Comment, qui frappe ? Mais moi, la Levrasse.

— J’ouvrirai tout-à-l’heure, — dit Basquine.

— Pourquoi pas tout de suite ?

— Ah ! parce que…