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Au moment où l’homme-poisson reparaissait à la surface de l’eau, les quatre élus, s’élançant, s’apprêtaient à sonder d’un œil avide les mystérieuses profondeurs de la piscine, lorsque la Levrasse leur dit avec un geste solennel :

— Rappelez-vous bien, Messieurs, que je vous ai prévenus que l’homme-poisson était d’une excessive pudeur.

— Qu’est-ce que cela nous fait ? — reprit un des curieux.

— Je ne peux vous en dire davantage, — répondit la Levrasse d’un ton sententieux. — Maintenant, Messieurs, vous êtes prévenus… satisfaites votre curiosité… puisque vous le voulez.

« — Quand ces quatre imbéciles de curieux s’approchèrent de ma boîte, — me disait l’homme-poisson en me racontant cette scène, — je pris des airs de pudeur alarmée, me trémoussant dans mon baquet ni plus ni moins qu’une naïade lutinée par un fleuve ; mais, au moment où, s’appuyant sur les bords de la cuve, mes quatre curieux écarquillaient leurs yeux pour mieux voir… je fis un léger mouvement… et crac… l’eau, jusqu’alors limpide, devint soudain noire comme de l’encre, et de plus il s’en échappa une odeur sulfureuse si horriblement empestée, que mes quatre curieux, suffoqués, se renversant en arrière en se bouchant le nez, se reculèrent en hâte, se regardant les uns les autres pendant que la Levrasse s’écriait ;

» — C’est la pudeur, Messieurs ; je vous l’avais bien dit, c’est la pudeur blessée ; car, à l’instar de la sépia qui, fuyant le requin, a le don de s’envelopper d’une