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Le paillasse avait une figure, non point laide, mais d’une expression ignoble ; il portait l’habit de son rôle, une casaque et un pantalon de toile à matelas, un chapeau pointu et une perruque rouge.

Le plus profond silence régna soudain dans l’auditoire. La scène commença par une sorte de récitatif chanté, mêlé de couplets, trivialités depuis long-temps populaires dans les carrefours et ayant pour titre : L’amour de Paillasse.

Paillasse s’avança d’un air piteux, et retirant sa jambe en arrière, salua gauchement Basquine, puis il chanta ce qui suit, alternant le récitatif avec sa compagne :

paillasse.

Mam’zelle, c’est moi, j’viens vous parler d’amour.

basquine, avec une petite moue dédaigneuse.
De ton amour ?… Ah ! mon pauvre paillasse !
paillasse, tâchant de prendre la taille de Basquine, qui se défend en riant.
C’est moi, Mam’zelle, qui voudrais à mon tour…

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basquine, lui donnant un soufflet.
V’là pour toi, nigaud… tu n’es qu’un grand sot !
paillasse, pleurant, beuglant, et se mettant les deux poings sur les yeux, chantait, d’une voix lamentable et burlesque, sur un air connu :

Hi, hi, hi, hi, Mam’zelle,
J’connais vot’ficelle,
Vous aimez Arlequin,
Un flâneur, un faquin.
Hier soir, à la brune.
Moi je vous ai bien vu,
Il vous prenait…

basquine l’interrompait en riant aux éclats, et lui demandait avec une malice effrontée :
Crois-tu ?

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