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encore si naïve et si candide… tout ce qui se rapporte enfin à cet effrayant changement, me brûle pour ainsi dire les lèvres.

À cette heure, que je jette un regard intelligent et expérimenté sur le passé, je ne sais qui l’emporte du dégoût, de l’indignation ou de l’épouvante ; mais je tiens à poursuivre la tâche que je me suis imposée, et que je me félicite d’accomplir en écrivant ces pages.

Je le sens, il y a pour moi quelque chose de salutaire à reporter mes yeux vers cet odieux passé… Les mouvements de révolte et d’horreur qu’il excite de plus en plus en moi, me prouvent que, chaque jour, je m’affermis davantage dans la voie du bien ; la pénible émotion que j’éprouve aujourd’hui, l’espèce de tremblement dont je suis saisi à la pensée de traverser de nouveau, et seulement par le souvenir,… cet abîme de perversité, de corruption et d’infamie, me dit assez haut qu’il ne suffit pas de ressentir de l’aversion pour le mal, mais qu’il me faut encore, malgré l’infirmité de ma condition, faire tous mes efforts dans mon humble sphère, pour prévenir, empêcher ou guérir ce mal qui m’inspire cette haine, cet effroi salutaires.

Oui… ce que j’ai à raconter pour expliquer la transformation de Basquine me brûle les lèvres… Et cependant, je serai loin de tout dire… il est des révélations devant lesquelles ma plume tombera malgré moi.

Cette malheureuse enfant avait quitté son père, innocente et pure comme elle devait l’être à son âge, élevée au sein d’une famille honnête et laborieuse…

Au bout de huit mois… que dis-je ? au bout de deux ou trois mois de séjour dans notre troupe, enten-