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entre nous que lui et elle se diraient malades le plus long-temps possible, afin de reculer le moment de nos exercices.

J’entrai donc.

Basquine, assise sur son lit, jouait ingénument avec les cheveux noirs de Bamboche, qui avaient beaucoup allongé pendant sa maladie ; lui, assis aux pieds de Basquine, sur un petit tabouret, ses coudes sur ses genoux, son menton dans ses deux mains, la contemplait en silence avec une tendresse ineffable mêlé d’une timidité craintive qui me frappa.

Mon retour soudain ne parut nullement surprendre mes deux amis.

Bamboche se leva, vint à moi et me dit d’une voix émue, en me montrant Basquine :

— Frère… voilà ma petite femme pour la vie…

— Oui… et Bamboche sera mon petit mari ; nous nous en irons avec papa sitôt qu’il viendra me chercher… Bamboche l’aidera dans son travail, et toi aussi, Martin.

Bamboche me fit un signe d’intelligence, et dit à Basquine :

— Oui, notre bon frère Martin viendra avec nous… nous ne le quitterons jamais, n’est-ce pas, Basquine ?

— Oh ! jamais, — dit l’enfant avec une grâce charmante, — c’est notre frère à nous deux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’ai su depuis, par Bamboche, que cette première entrevue avait été innocente et pure, comme elle devait l’être.

Et pourtant, quoique consacrés dans l’innocent lan-