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diverses, contraires, terribles… jamais nous n’avons pu retenir nos larmes en nous rappelant cette scène de notre enfance.

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Quelques jours après cet entretien, Bamboche fut complètement rétabli.

Un matin, le temps était sombre, orageux (je ne sais pourquoi cette circonstance m’avait frappé), je conduisis, pour la première fois, mon ami dans la chambre de Basquine…

Malgré la joie sincère que m’inspirait le bonheur de Bamboche, au moment où nous entrâmes dans cette misérable chambre, mon cœur se serra… se brisa…

J’eus sans doute instinctivement la conscience que, de ce jour… de ce moment… s’accomplissait fatalement la destinée de cette malheureuse enfant… et que j’étais involontairement, ingénument, l’un des instruments de cette fatalité.

Autant par discrétion que par crainte de troubler par ma tristesse soudaine et involontaire cette première entrevue… je m’éloignai après avoir dit à Basquine :

— Voilà mon bon frère, dont je t’ai tant parlé.

— Oh ! oui… — dit naïvement Basquine, — aussi je l’aime bien déjà……

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Environ une heure après, voyant revenir inopinément la mère Major et Poireau, que nous croyions absents pour toute la journée, mais que le mauvais temps ramenait, je rentrai précipitamment dans le cabinet où j’avais laissé Basquine et Bamboche ; je voulais les prévenir de l’arrivée de nos maîtres ; car il avait été convenu