— C’est cela, ton père emmènera Bamboche.
— Et toi aussi, — ajouta-t-elle en me regardant avec une ineffable douceur, — toi aussi, car tu es bon pour moi… tu es toujours là.
— Oh ! si Bamboche n’avait pas été malade, c’est lui qui t’aurait bien mieux soignée que moi…
— Tu crois ?
— Oh ! bien sûr.
— Et pourquoi serait-il pour moi encore meilleur que toi ?
Ce terrible pourquoi, si familier aux enfants, m’embarrassait beaucoup ; je tournai la difficulté en disant :
— Il t’aime encore plus que moi… parce qu’il y a plus long-temps qu’il te connaît que moi…
Cette raison ne parut qu’à demi satisfaire Basquine ; elle resta rêveuse quelques moments, et me dit ensuite avec un accent de curiosité naïve :
— Quand donc est-ce que je le verrai, Bamboche ?
— Quand il ne sera plus malade.
— Il est donc plus malade que moi ?
— Certainement… il ne m’a pas encore reconnu…
— Mais puisque je peux me lever, j’irai avec toi le soigner, — dit Basquine. — L’an passé, ma sœur Élisa a été malade… je l’ai bien veillée avec maman.
— Ça ne se peut pas, — dis-je à Basquine, — il y aurait du danger pour toi…
— Mais pour toi, il y en a aussi ?
— Non, moi je ne viens pas comme toi d’être malade…
Après un nouveau silence, Basquine me dit d’un air pensif :