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superstition de bien des pauvres mères affligées… une foi naïve, candide, dans l’intercession de la bonne Vierge, car souvent, durant sa maladie, Basquine m’avait parlé de la bonne Vierge…

Pauvre cher petit ange, que la fatalité devait bientôt initier, comme je l’étais déjà moi-même, à l’obscène et ordurier langage des coryphées de notre troupe… et à bien pis encore ! car il me reste de honteux, de pénibles aveux à faire. J’ai à parler de mon rôle étrange dans les amours précoces de Bamboche et de Basquine, rôle que je jouais d’ailleurs avec une incroyable ingénuité de corruption, aveugle que j’étais d’ailleurs par mon affection profonde, dévouée, presque fanatique pour Bamboche.

Voici comment et à quel propos je prononçai pour la première fois son nom à Basquine.

Lors des premiers jours de sa convalescence, m’entretenant avec elle de son père, afin de la rendre contente, car elle en parlait sans cesse, je lui dis qu’il devait travailler beaucoup pour nourrir sa nombreuse famille.

Basquine me répondit :

« — Oh ! oui… papa travaillait beaucoup… il ne s’arrêtait pas même les dimanches, et la nuit aussi bien souvent il travaillait encore. Nous le voyions bien… puisque nous couchions avec maman dans le hangar. Une fois, papa avait déjà passé trois nuits sans décesser… moi je dormais avec mes petites sœurs… maman nous a éveillées… Elle pleurait. Elle nous a dit :

» — Mes enfants, regardez votre père…

» Nous avons regardé.