gret, obligé de s’arrêter, durant un mois environ, dans une petite ville, afin de faire donner les soins nécessaires à ses deux pensionnaires, non par affection, non pas même par respect humain, mais par intérêt pour son entreprise, car les exercices enfantins de Bamboche, de moi et de Basquine, accompagnés de l’exhibition phénoménale de l’homme-poisson, lui assuraient pour l’avenir d’abondantes recettes.
Les liens d’amitié qui m’unissaient à Bamboche, étaient déjà bien forts ; mais les divers incidents de sa maladie et de celle de Basquine, les resserrant encore, les rendirent indissolubles. Voici comment :
La Levrasse, profitant de ce séjour inattendu pour parcourir, comme colporteur et acheteur de cheveux, les environs de la petite ville où nous étions obligés de rester, était parti avec son âne Lucifer, espérant une fructueuse tournée.
Nous avions été rejoints par le paillasse (ou en termes techniques le pitre, la queue-rouge) de la troupe ; il se nommait Poireau, et venait remplacer Giroflée, l’ancien comique de la troupe, entré depuis, par vocation, au séminaire, m’avait dit Bamboche ; plus tard je devais me convaincre que Bamboche disait vrai.
Poireau était un grand garçon, efflanqué, dégingandé, aux traits assez réguliers, mais flétris par une habituelle et ignoble expression de crapule et de méchanceté. Dans sa conversation ordinaire, il ne disait pas deux paroles de suite sans les accompagner de lazzis obscènes ou orduriers d’une grossièreté révoltante. Ce malheureux devint bientôt le favori de la mère Major, et lors même que Bamboche n’eût pas déjà éclairé mon in-