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mon maître se retournât sur le seuil de la porte et me criât d’une voix terrible :

— Viendras-tu ?

Je courus machinalement vers la Levrasse, et lorsqu’il ferma prudemment la porte à double tour, j’entendis la voix de la femme du charron, criant avec l’expression d’une prière fervente et désespérée :

— Bonne sainte Vierge… ayez pitié de moi… Sainte mère de Dieu… venez à mon secours… C’est donc toujours en vain que je vous supplie !!

Mon maître m’attira à lui, de sa main de fer, et me força de le suivre à grands pas.

Contre mon attente, au lieu de traverser le bourg, nous sortîmes dans la campagne par l’autre extrémité de la ruelle. Après avoir marché environ un quart-d’heure à travers champs, nous retrouvâmes nos voitures qui étaient venues sans doute par l’ordre de la Levrasse nous attendre sur la grande route.

Il faisait tout-à-fait nuit ; nous laissâmes bientôt le bourg assez loin derrière nous, grâce à l’allure rapide que la Levrasse fit prendre à nos chevaux, comme s’il eût craint d’être poursuivi.