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L’atmosphère est si nauséabonde, si lourde que les nouveaux malades ne s’y acclimatent souvent pas sans danger ; ce surcroît de souffrance est une sorte de prime que tout nouvel arrivant paye inévitablement au sinistre séjour de l’hospice.

Au bout de quelque temps une certaine lividité morbide annonce que le malade a subi la première influence de ce milieu délétère, et qu’il est, nous l’avons dit, acclimaté[1].

L’air de cette salle immense est donc épais, fétide.

Çà et là le silence de la nuit est interrompu tantôt par des gémissements plaintifs, tantôt par de profonds soupirs arrachés par l’insomnie fébrile… puis tout se tait, et l’on n’entend plus que le balancement monotone et régulier du pendule d’une grosse horloge qui sonne ces heures si longues, si longues pour la douleur qui veille.

Une des extrémités de cette salle était presque plongée dans l’obscurité.

  1. À moins de circonstances très-urgentes, on ne pratique jamais de graves opérations chirurgicales avant que le malade soit acclimaté.