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j’ai mis cette robe blanche ? C’est que la première fois que Rodolphe m’a vue… à la cour de Gérolstein… j’étais vêtue de blanc… et je portais ce même bandeau de corail dans mes cheveux…

— Comment ! — dit Thomas Seyton en regardant sa sœur avec surprise — vous voulez évoquer ces souvenirs, vous n’en redoutez pas au contraire l’influence ?

— Je connais Rodolphe mieux que vous… Sans doute mes traits, aujourd’hui changés par l’âge et par la souffrance, ne sont plus ceux de la jeune fille de seize ans qu’il a éperdument aimée… qu’il a seule aimée… car j’étais son premier amour… Et cet amour, unique dans la vie de l’homme, laisse toujours dans son cœur des traces ineffaçables… Aussi, croyez-moi, mon frère, la vue de cette parure éveillera chez Rodolphe, non-seulement les souvenirs de son amour, mais encore ceux de sa jeunesse… Et pour les hommes, ces derniers souvenirs sont toujours doux et précieux…

— Mais à ces doux souvenirs s’en joignent de terribles : et le sinistre dénoûment de votre amour ? et l’odieuse conduite du père du prince