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— Encore une fois, Sarah, pas de rêves insensés ; le réveil serait terrible.

— Des rêves insensés ?… Comment ! lorsque Rodolphe saura que cette jeune fille, aujourd’hui prisonnière à Saint-Lazare[1], et autrefois confiée au notaire qui l’a fait passer pour morte, est notre enfant, vous croyez que…

Seyton interrompit sa sœur :

— Je crois — reprit-il avec amertume — que les princes mettent les raisons d’État, les convenances politiques avant les devoirs naturels.

— Comptez-vous si peu sur mon adresse ?

— Le prince n’est plus l’adolescent candide et passionné que vous avez autrefois séduit ; ce temps est bien loin de lui… et de vous, ma sœur.

Sarah haussa légèrement les épaules, et dit :

— Savez-vous pourquoi j’ai voulu orner mes cheveux de ce bandeau de corail ? pourquoi

  1. Le lecteur n’a pas oublié que la Chouette, un moment avant de frapper Sarah, croyait et lui avait dit que la Goualeuse était encore à Saint-Lazare, ignorant que le jour même Jacques Ferrand l’avait fait conduire à l’île du Ravageur par madame Séraphin.