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la torsion convulsive des muscles de son front et de sa face, son regard flamboyant, lui donnaient parfois quelque vague et effrayante ressemblance avec cette bête féroce.

— Tigre… tigre… tigre que je suis — disait-il d’une voix saccadée, en se ramassant sur lui-même — oui, tigre… Que de sang !… Dans ma caverne… cadavres… déchirés !… La Goualeuse… le frère de cette veuve… un petit enfant… le fils de Louise… voilà des cadavres… ma tigresse Cécily prendra sa part… — Puis, regardant ses doigts décharnés dont les ongles avaient démesurément poussé pendant sa maladie, il ajouta ces mots entrecoupés : — Oh ! mes ongles tranchants… tranchants et aigus… Un vieux tigre, moi, mais plus souple, plus fort, plus hardi… on n’oserait pas me disputer ma tigresse Cécily… Ah ! elle appelle !… elle appelle ! — dit-il en avançant son monstrueux visage et prêtant l’oreille.

Après un moment de silence il se tapit de nouveau le long du mur en disant :

— Non… j’avais cru l’entendre… elle n’est pas là… mais je la vois… Oh ! toujours, toujours !… Oh ! la voilà… Elle m’appelle, elle