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la chapelle Sixtine, j’ai vu la punition terrifiante dont il frappe la luxure[1] ; mais les masques hideux, convulsifs de ces damnés de la chair, qui se tordaient sous la morsure aiguë des serpents, étaient moins effrayants que la face de la face de Jacques pendant son accès de tout à l’heure… il m’a fait peur !

Et Polidori frissonna comme s’il avait encore devant les yeux cette vision formidable.

— Oh ! oui ! — reprit-il avec un abattement rempli de frayeur — le prince est impitoyable… Mieux vaudrait mille fois, pour Ferrand, avoir porté sa tête sur l’échafaud ; mieux vaudrait le feu, la roue, le plomb fondu qui brûle et troue les membres, que le supplice que ce misérable endure. À force de le voir souffrir je finis par m’épouvanter pour mon propre sort… Que va-t-on décider de moi… que me réserve-t-on, à moi le complice de

  1. « Emporté par son sujet, l’imagination égarée par huit ans de méditations continues sur un jour si horrible pour un croyant, Michel-Ange élevé à la dignité de prédicateur, et ne songeant plus qu’à son salut, a voulu punir de la manière la plus frappante le vice alors le plus à la mode. L’horreur de ce supplice me semble arriver au vrai sublime du genre. » (Stendhal, Hist. de la peinture en Italie, 22, p. 354.