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menaçait, frappé de la douceur inexprimable de son accent… de l’angélique expression de ses traits… il m’a été impossible de ne pas m’intéresser à elle… Avec quelle émotion profonde j’ai écouté le naïf et poignant récit de cette vie d’abandon, de douleur et de misère ; car, voyez-vous, c’est quelque chose d’épouvantable que la vie de votre fille… madame…

— Oh ! il faut que vous sachiez les tortures de votre enfant ; oui, madame la comtesse… pendant qu’au milieu de votre opulence vous rêviez une couronne… votre fille, toute petite, couverte de haillons, allait le soir mendier dans les rues, souffrant du froid et de la faim… durant les nuits d’hiver elle grelotait sur un peu de paille dans le coin d’un grenier, et puis quand l’horrible femme qui la torturait était lasse de battre la pauvre petite, ne sachant qu’imaginer pour la faire souffrir, savez-vous ce qu’elle lui faisait, madame ?… elle lui arrachait les dents !…

— Oh ! je voudrais mourir !… c’est une atroce agonie !…

— Écoutez encore… S’échappant enfin des