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gne pour de longs voyages ; alors commença l’expiation que je me suis imposée… Elle ne finira qu’avec ma vie… Récompenser le bien… poursuivre le mal, soulager ceux qui souffrent, sonder toutes les plaies de l’humanité pour tâcher d’arracher quelques âmes à la perdition… telle est la tâche que je me suis donnée.

— Elle est noble et sainte… elle est digne de vous…

— Si je vous parle de ce vœu — reprit Rodolphe avec autant de dédain que d’amertume — de ce vœu que j’ai accompli selon mon pouvoir partout où je me suis trouvé, ce n’est pas pour être loué par vous… Écoutez-moi donc. Dernièrement j’arrive en France ; mon séjour dans ce pays ne devait pas être perdu pour l’expiation. Tout en voulant secourir d’honnêtes infortunes, je voulus aussi connaître ces classes que la misère écrase, abrutit et déprave, sachant qu’un secours donné à propos, que quelques généreuses paroles, suffisent souvent à sauver un malheureux de l’abîme… Afin de juger par moi-même, je pris l’extérieur et le langage des gens que je dési-