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par la barrière de Charenton. Aussi, une fois que nous allons être arrivés à Paris… je me posterai là… pour tâcher de le voir, ça sera la dernière fois !… la dernière !…

— Il paraît si bon que je comprends bien que vous l’aimiez…

— L’aimer !… — dit le Chourineur avec une émotion profonde et concentrée — oh oui !… allez… Voyez-vous, Martial… coucher par terre, manger du pain noir… être son chien… mais être où il aurait été, je ne demandais pas plus… C’était trop… il n’a pas voulu.

— Il a été si généreux pour vous.

— Ce n’est pas ça qui fait que je l’aime tant… c’est parce qu’il m’a dit que j’avais du cœur et de l’honneur… Oui, et dans un temps où j’étais farouche comme une bête brute, où je me méprisais comme le rebut de la canaille… lui m’a fait comprendre qu’il y avait encore du bon en moi, puisque, ma peine faite, je m’étais repenti, et qu’après avoir souffert la misère des misères sans voler j’avais travaillé avec courage pour gagner honnêtement ma vie… sans vouloir de mal à