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— Déjà !… — s’écria Calebasse en faisant un bond convulsif. — Oh ! mon Dieu… on a avancé l’heure ! On nous trompait !

Et ses traits commençaient à se décomposer d’une manière effrayante.

— Tant mieux… si la montre du bourreau avance… tes béguineries ne me déshonoreront pas.

— Madame — dit un employé de la prison à la condamnée avec cette sorte de commisération doucereuse qui sent la mort — votre fils est là… voulez-vous le voir ?

— Oui… — répondit la veuve sans tourner la tête.

— Entrez… monsieur… — dit l’employé.

Martial entra.

Le vétéran resta dans le cachot, dont on laissa, pour plus de précaution, la porte ouverte. À travers la pénombre du corridor à demi éclairé par le jour naissant et par un réverbère on voyait plusieurs soldats et gardiens, les uns assis sur un banc, les autres debout.

Martial était aussi livide que sa mère ; ses traits exprimaient une angoisse, une horreur