main… à peine un très-petit nombre d’entre eux reconnaissent-ils leurs gardiens… Et pourtant, répétons-le avec admiration, par respect pour la créature, ces infortunés qui semblent ne plus appartenir à notre espèce, et pas même à l’espèce animale, par le complet anéantissement de leurs facultés intellectuelles ; ces êtres incurablement frappés qui tiennent plus du mollusque que de l’être animé, et qui souvent traversent ainsi tous les âges d’une longue carrière, sont entourés de soins recherchés et d’un bien-être dont ils n’ont pas même la conscience…
Sans doute, il est beau de respecter ainsi le principe de la dignité humaine jusque dans ces malheureux qui de l’homme n’ont plus que l’enveloppe… mais, répétons-le toujours, on devrait songer aussi à la dignité de ceux qui, doués de toute leur intelligence, remplis de zèle, d’activité, sont la force vive de la nation ; leur donner conscience de cette dignité en l’encourageant, en la récompensant lorsqu’elle s’est manifestée par l’amour du travail, par la résignation, par la probité ; ne pas dire enfin, avec un égoïsme semi-orthodoxe : — Punissons ici-bas, Dieu récompensera là-haut.