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et le mal, je disais : Courage, soyez bonnes, M. Rodolphe récompense ceux qui sont bons. À celles qui étaient méchantes, je disais : Prenez garde, M. Rodolphe punit les méchants… Enfin, quand j’ai cru mourir, je me suis dit : Dieu aura pitié de moi, car M. Rodolphe m’a jugée digne de son intérêt.

Fleur-de-Marie, entraînée par sa reconnaissance envers son bienfaiteur, avait surmonté sa crainte, un léger incarnat colorait ses joues, et ses beaux yeux bleus, qu’elle levait au ciel comme si elle eût prié, brillaient du plus doux éclat.

Un silence de quelques secondes succéda aux paroles enthousiastes de Fleur-de-Marie ; l’émotion des acteurs de cette scène était profonde.

— Je vois, mon enfant — reprit Rodolphe, pouvant à peine contenir sa joie — que dans votre cœur j’ai à peu près pris la place de votre père.

— Ce n’est pas ma faute, monsieur Rodolphe. C’est peut-être mal à moi… mais je vous l’ai dit, je vous connais et je ne connais pas mon père — et elle ajouta en baissant la tête