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porte du cabinet de Rodolphe, qui fit un mouvement d’impatience chagrine.

Murph se leva et alla ouvrir.

À travers la porte entre-bâillée, un aide-de-camp du prince dit au squire quelques mots à voix basse. Celui-ci répondit par un signe de tête, et, se tournant vers Rodolphe :

— Monseigneur me permet-il de m’absenter un moment ? Quelqu’un veut me parler à l’instant même pour le service de Votre Altesse Royale.

— Va… — répondit le prince.

À peine Murph fut-il parti que Rodolphe, cachant sa figure dans ses mains, poussa un long gémissement.

— Oh ! — s’écria-t-il — ce que je ressens m’épouvante… Mon âme déborde de fiel et de haine ; la présence de mon meilleur ami me pèse… le souvenir d’un noble et pur amour m’importune et me trouble, et puis… cela est lâche et indigne… mais hier j’ai appris avec une joie barbare la mort de Sarah… de cette mère dénaturée qui a causé la perte de ma fille ; je me plais à retracer l’horrible agonie du monstre qui a fait tuer mon enfant.