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trop brusque pour cette infortunée, déjà si cruellement éprouvée ?

— Oh ! non… non !… va… si tu savais avec quels ménagements… avec quelle réserve je lui aurais appris sa naissance !… comme je l’aurais doucement préparée à cette révélation… C’était si simple… si facile… Oh ! s’il ne s’était agi que de cela, vois-tu — ajouta le prince avec un sourire navrant — j’aurais été bien tranquille et pas embarrassé. Me mettant à genoux devant cette enfant idolâtrée, je lui aurais dit : Toi qui as été jusqu’ici si torturée… sois enfin heureuse… et pour toujours heureuse… Tu es ma fille… Mais non — dit Rodolphe en se reprenant — non… cela aurait été trop brusque, trop imprévu… Oui ! je me serais donc bien contenu, et je lui aurais dit d’un air calme : Mon enfant, il faut que je vous apprenne une chose qui va bien vous étonner… Mon Dieu ! Oui… figurez-vous qu’on a retrouvé les traces de vos parents… votre père existe… et votre père… c’est moi. — Ici le prince s’interrompit de nouveau. — Non ! non, c’est encore trop brusque, trop prompt… mais ce n’est pas ma