Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demain ? Peut-être suis-je passagèrement soutenue par la seule énergie de mon ambition.

— Mais quelles preuves donnerez-vous au prince ? Vous croira-t-il ?

— Il me croira lorsqu’il aura lu le commencement de la révélation que j’écrivais sous la dictée de cette femme quand elle m’a frappée, révélation dont heureusement je n’ai oublié aucune circonstance ; il me croira lorsqu’il aura lu votre correspondance avec madame Séraphin et Jacques Ferrand jusqu’à la mort supposée de l’enfant ; il me croira lorsqu’il aura entendu les aveux du notaire qui, épouvanté de mes menaces, sera ici tout à l’heure ; il me croira lorsqu’il verra le portrait de ma fille à l’âge de six ans, portrait qui, m’a dit cette femme, est encore à cette heure d’une ressemblance frappante. Tant de preuves suffiront pour montrer au prince que je dis vrai, et pour décider chez lui ce premier mouvement qui peut faire de moi… presque une reine… Ah ! ne fût-ce qu’un jour… une heure… au moins je mourrais contente.

À ce moment on entendit le bruit d’une voiture qui entrait dans la cour.