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— Que mon mari était dans son droit d’emmener sa fille, n’étant pas séparé d’avec moi ; que ce serait un malheur si ma fille tournait mal par de mauvais conseils, mais que ce n’étaient que des suppositions et que ça ne suffisait pas pour porter plainte contre mon mari. — Vous n’avez qu’un moyen — m’a dit le greffier — plaidez au civil, demandez une séparation de corps, et alors les coups que vous a donnés votre mari, sa conduite avec une vilaine femme seront en votre faveur, et on le forcera de vous rendre votre fille : sans cela, il est dans son droit de la garder avec lui. — Mais plaider ! je n’ai pas de quoi, mon Dieu ! j’ai mes enfants à nourrir. — Que voulez-vous que j’y fasse ? — a dit le greffier — c’est comme ça… — Oui — reprit Jeanne en sanglotant — il avait raison… c’est comme ça… — et parce que… c’est comme ça… dans trois mois ma fille sera peut-être une créature des rues !… tandis que si j’avais eu de quoi plaider pour me séparer de mon mari, cela ne serait pas arrivé.

— Mais cela n’arrivera pas, votre fille doit tant vous aimer…