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moment-là que j’ai perdu ma petite fille. En la veillant, j’ai négligé de me soigner… et puis par là-dessus le chagrin… enfin je suis poitrinaire… condamnée… comme l’était l’actrice qui vient de mourir.

— À votre âge il y a toujours de l’espoir.

— L’actrice n’avait que deux ans de plus que moi, et vous voyez.

— Celle que les bonnes sœurs veillent maintenant, c’était donc une actrice ?

— Mon Dieu, oui, voyez le sort… Elle avait été belle comme le jour. Elle avait eu beaucoup d’argent, des équipages, des diamants ; mais par malheur la petite vérole l’a défigurée ; alors la gêne est venue, puis la misère, enfin la voilà morte à l’hospice. Du reste, elle n’était pas fière ; au contraire, elle était bien douce et bien honnête pour toute la salle… Jamais personne n’est venu la voir ; pourtant, il y a quatre ou cinq jours, elle nous disait qu’elle avait écrit à un monsieur qu’elle avait connu autrefois dans son beau temps, et qui l’avait bien aimée ; elle lui écrivait pour le prier de venir réclamer son corps, parce que