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— Et c’est lui qui vous a perdue, pourtant, et il est riche ?

— Sa mère a beaucoup de bien chez nous ; mais que voulez-vous ? je n’étais plus là… il m’a oubliée…

— Mais au moins… il n’aurait pas dû vous oublier, à cause de son enfant.

— C’est au contraire cela, voyez-vous, qui l’aura rendu mal pour moi ; il m’en aura voulu d’être enceinte, parce que je lui devenais un embarras.

— Pauvre Lorraine !…

— Je regrette mon enfant, pour moi, mais pas pour elle ; pauvre chère petite ! elle aurait eu trop de misère et aurait été orpheline de trop bonne heure… car je n’en ai pas pour long-temps à vivre…

— On ne doit pas avoir de ces idées-là à votre âge. Est-ce qu’il y a beaucoup de temps que vous êtes malade ?

— Bientôt trois mois… Dame, quand j’ai eu à gagner pour moi et mon enfant, j’ai redoublé de travail, j’ai repris trop vite mon ouvrage à mon bateau ; l’hiver était très-froid, j’ai gagné une fluxion de poitrine : c’est à ce