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À l’un des bouts de cette cour, on voyait une étroite porte guichetée ; à l’autre bout, l’entrée du chauffoir, grande salle dallée, au milieu de laquelle était un calorifère de fonte entouré de bancs de bois, où se tenaient paresseusement étendus plusieurs prisonniers devisant entre eux.

D’autres, préférant l’exercice au repos, se promenaient dans le préau, marchant en rangs pressés, par quatre ou cinq de front, se tenant par le bras.

Il faudrait posséder l’énergique et sombre pinceau de Salvator ou de Goya pour esquisser ces divers spécimens de laideur physique et morale, pour rendre dans sa hideuse fantaisie la variété de costumes de ces malheureux, couverts pour la plupart de vêtements misérables ; car n’étant que prévenus, c’est-à-dire supposés innocents, ils ne revêtaient pas l’habit uniforme des maisons centrales ; quelques-uns pourtant le portaient ; car à leur entrée en prison, leurs haillons avaient paru si sordides, si infects, qu’après le bain d’usage[1]

  1. Par une excellente mesure hygiénique d’ailleurs, chaque prisonnier est, à son arrivée, et ensuite deux fois par