dresser la parole à ceux d’entre eux qui me semblaient moins criminels ; mais si vous saviez quel langage ! quels hommes !
— Hélas ! c’est vrai, cela doit être terrible…
— Ce qu’il y a de plus terrible encore, voyez-vous, c’est de m’apercevoir que je m’habitue peu à peu aux affreux entretiens que, malgré moi, j’entends toute la journée ; oui, maintenant j’écoute avec une morne apathie des horreurs qui, pendant les premiers jours, me soulevaient d’indignation ; aussi, tenez, je commence à douter de moi — s’écria-t-il avec amertume.
— Oh ! monsieur Germain, que dites-vous ?
— À force de vivre dans ces horribles lieux, notre esprit finit par s’habituer aux pensées criminelles, comme notre oreille s’habitue aux paroles grossières qui retentissent continuellement autour de nous. Mon Dieu ! mon Dieu ! je comprends maintenant que l’on puisse entrer ici innocent, quoique accusé, et que l’on en sorte perverti…
— Oui, mais pas vous, pas vous ?
— Si, moi, et d’autres valant mille fois mieux que moi. Hélas ! ceux qui, avant le