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propres filles !… d’autres se disent victimes des brutales amours de leurs fils… Faut-il dire que quelquefois j’ai vu le père et la fille maltraiter la mère et la chasser honteusement de sa propre maison pour y goûter en paix, si Dieu le permettait, leurs coupables amours !.. Et lorsque ces misères sont connues d’un procureur du Roi, la loi le condamne à l’inaction… Oh ! c’est alors qu’on sent combien est vicieuse une législation qui laisse à la justice de Dieu le soin de punir des actes qui font tant de mal sur la terre !

» À la société qui demande vengeance, aux bonnes mœurs, à la religion, à la nature qui s’indignent, au malheureux qui pleure et vient demander justice et secours, l’homme de la loi doit répondre : Je ne peux rien… je ne ferai rien.

» Qu’on ne me dise pas que le ministère public peut faire des remontrances. Nul n’est censé ignorer la loi ; cet adage est une vérité, et l’on sait bien maintenant répondre aux reproches du parquet : — La loi ne le défend pas, de quoi vous mêlez-vous ? » (Pages 120 et 121.)

La loi étant impuissante à réprimer l’inceste, comment, je le demande, atteindra-t-elle le père qui, usant de son droit de chef de la communauté, poussera sa fille au déshonneur, afin de profiter du prix de la honte de cette malheureuse ?

Veut-on un autre exemple de l’impossibilité où sont les classes pauvres de jouir du bénéfice de certaines lois civiles ?

Voici un fait qui s’est passé le 8 de ce mois :