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Pourquoi as-tu préféré la vie sans ton trésor… si cette vie te semble si horrible ?…

— C’est que, vois-tu — ajouta le notaire d’une voix de plus en plus basse — mourir, c’est ne plus penser… mourir, c’est le néant… Et Cécily ?

— Et tu espères ?… — s’écria Polidori stupéfait.

— Je n’espère pas, je possède…

— Quoi ?

— Le souvenir.

— Mais tu ne dois jamais la revoir, mais elle a livré ta tête !

— Mais je l’aime toujours, et plus frénétiquement que jamais… moi ! — s’écria Jacques Ferrand avec une explosion de larmes, de sanglots qui contrastèrent avec le calme morne de ses dernières paroles. — Oui, reprit-il dans une effrayante exaltation — je l’aime toujours, et je ne veux pas mourir, afin de pouvoir me plonger et me replonger encore avec un atroce plaisir dans cette fournaise où je me consume à petit feu… Car tu ne sais pas… cette nuit… cette nuit où je l’ai vue si belle… si passionnée, si enivrante… cette nuit est toujours pré-