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travail y dépose souvent pour quarante sous l’unique couverture qui, dans les nuits d’hiver, défend lui et les siens de la rigueur du froid… Mais — ajouta l’abbé avec enthousiasme — un prêt de trente ou quarante francs sans intérêt, et remboursable par douzièmes quand l’ouvrage revient… mais pour d’hon-

    les droits du Mont-de-Piété s’élèvent dans les cas ordinaires à 13 pour 100 ; mais ces droits augmentent dans une proportion effrayante si le prêt, au lieu d’être annuel, est fait pour un temps moins long. Or, comme les articles déposés par la classe pauvre sont, en général, des objets de première nécessité, il résulte qu’on les apporte et qu’on les retire presque aussitôt ; il est des effets qui sont régulièrement engagés et dégagés une fois par semaine. Dans cette circonstance, supposons un prêt de 5 francs ; l’intérêt payé par l’emprunteur sera alors calculé sur le taux de 294 pour 100, — par an. — L’argent qui s’amasse, chaque année, dans la caisse du Mont-de-Piété tombe incontinent dans celle des hospices : cette somme est très-considérable. En 1840, année de détresse, les bénéfices se sont élevés à 422 215 francs. On ne peut nier — dit en terminant M. Esquiros avec une haute raison, — que cette somme n’ait une destination louable, puisque venant de la misère elle retourne à la misère ; mais on se fait néanmoins cette question grave : Si c’est bien au pauvre qu’il appartient de venir au secours du pauvre ! Disons enfin que M. Esquiros, tout en réclamant de grandes améliorations à établir dans l’exercice du Mont-de-Piété, rend hommage au zèle du directeur actuel, M. Delaroche, qui a déjà entrepris d’utiles réformes.