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somme si minime qu’elle défrayerait à peine le moindre de leurs fastueux caprices… qu’avec trente ou quarante francs qui leur seraient scrupuleusement rendus, mais sans intérêt… ils pourraient souvent sauver l’avenir, quelquefois l’honneur d’une famille que le manque d’ouvrage met aux prises avec les effrayantes obsessions de la misère et du besoin. L’indigence sans travail ne trouve jamais de crédit, ou, si l’on consent à lui prêter de petites sommes sans nantissement, c’est au prix d’intérêts usuraires monstrueux ; elle empruntera trente sous pour huit jours, et il faudra qu’elle en rende quarante, et encore ces prêts modiques sont rares et difficiles. Les prêts du Mont-de-Piété eux-mêmes coûtent, dans certaines circonstances, près de trois cents pour cent[1]. L’artisan sans

  1. Nous empruntons les renseignements suivants à un éloquent et excellent travail publié par M. Alphonse Esquiros dans la Revue de Paris du 11 juin 1843. « La moyenne des articles engagés pour trois francs chez les commissionnaires des 8e et 12e arrondissements est au moins de cinq cents dans un jour. La population ouvrière réduite à d’autres faibles ressources ne retire donc du Mont-de-Piété que des avances insignifiantes en comparaison de ses besoins. — Aujourd’hui