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» Que celui qui a dit : Aimons-nous les uns les autres, en soit seul glorifié. »

— Ah ! monsieur — s’écria l’abbé avec une religieuse admiration — quelle idée charitable ! combien je comprends votre émotion en lisant ces lignes d’une si touchante simplicité !

En effet, en achevant cette lecture, la voix de Jacques Ferrand était altérée ; sa patience et son courage étaient à bout ; mais, surveillé par Polidori, il n’osait, il ne pouvait enfreindre les moindres ordres de Rodolphe.

Que l’on juge de la rage du notaire, forcé de disposer si libéralement, si charitablement de sa fortune en faveur d’une classe qu’il avait impitoyablement poursuivie dans la personne de Morel, le lapidaire.

— N’est-ce pas, monsieur l’abbé, que l’idée de Jacques est excellente ? — reprit Polidori.

— Ah ! monsieur, moi qui connais toutes les misères, je suis plus à même que personne de comprendre de quelle importance peut être, pour de pauvres et honnêtes ouvriers sans travail, ce prêt qui semblerait bien modique aux heureux du monde… Hélas ! que de bien ils feraient s’ils savaient qu’avec une