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un châtiment terrible, mais qui donnera au condamné le temps du repentir… de l’expiation, et qui ne retranchera pas violemment de ce monde une créature de Dieu…

L’aveuglement[1] mettra le meurtrier dans l’impossibilité de s’évader et de nuire désormais à personne…

La peine de mort sera donc en ceci, son seul but, efficacement remplacée ;

Car la société ne tue pas au nom de la loi du talion ;

Elle ne tue pas pour faire souffrir, puisqu’elle a choisi celui de tous les supplices qu’elle croit le moins douloureux[2] ;

Elle tue au nom de sa propre sûreté…

Or, que peut-elle craindre d’un aveugle emprisonné ?

Enfin cet isolement perpétuel, adouci par

  1. Nous maintenons ce barbarisme, l’expression de cécité s’appliquant à une maladie accidentelle ou à une infirmité naturelle ; tandis que ce dérivé du verbe aveugler rend mieux notre pensée, l’action d’aveugler.
  2. Mon père, le docteur Jean-Joseph Sue, croyait le contraire ; une série d’observations intéressantes et profondes, publiées par lui à ce sujet, tendent à prouver que la pensée survit quelques minutes à la décollation instantanée. — Cette probabilité seule fait frissonner d’épouvante.