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pied, puis, le perdant, elle se mit à nager vigoureusement vers l’île…

Ce fut un spectacle d’une énergie sauvage…

À chaque brassée, l’épaisse et longue chevelure de la Louve, dénouée par la violence de ses mouvements, frémissait autour de sa tête comme une crinière double à reflets cuivrés.

Sans l’ardente fixité de ses yeux incessamment attachés sur la maison de Martial, sans la contraction de ses traits crispés par de terribles angoisses, on aurait cru que la maîtresse du braconnier se jouait dans l’onde, tant cette femme nageait librement, fièrement. Tatoués en souvenir de son amant, ses bras blancs et nerveux, d’une vigueur toute virile, fendaient l’eau qui rejaillissait et roulait en perles humides sur ses larges épaules, sur sa robuste et ferme poitrine qui ruisselait comme un marbre à demi submergé.

Tout à coup de l’autre côté de l’île… retentit un cri de détresse… un cri d’agonie terrible, désespéré…

La Louve tressaillit et s’arrêta court…

Puis se soutenant sur l’eau d’une main, de